Le Mouvement européen – Paris vous invite à lire les Brèves sur l’actualités européennes d’Avril 2018 et vous en souhaite une bonne lecture.
I- Dans les Etats-membres
1- L’Italie a renouvelé son Parlement (Chambre des députés et Sénat) lors des élections du 4 mars. Le mouvement centriste M5S est arrivé en tête avec 31 % des suffrages, suivi par les différentes composantes de la droite qui totalisent 37 % des voix. Trois formations politiques peu homogènes constituent cette droite : la « Ligue du Nord » eurosceptique de Matteo Salvini (17,5 %), « Forza Italia », pro-européenne, (14 %) de Berlusconi et une petite formation d’extrême droite. Le centre gauche représenté par le parti démocrate (PD) a enregistré, comme partout en Europe, un net recul.
Le scrutin étant strictement proportionnel, la représentation parlementaire est très éclatée ce qui rend la conclusion d’une alliance indispensable pour qu’un gouvernement puisse être formé.
Le Président de la République est à la manœuvre pour tenter de trouver une issue à ce type de situation à laquelle l’Italie est habituée. Aucun accord n’ayant encore été trouvé à ce jour entre plusieurs options (alliances M5S-PD, Ligue du Nord-M5S etc.) il est possible qu’un gouvernement technique soit formé ou qu’une dissolution intervienne.
Dans le débat européen, la voix de l’Italie risque d’être faible sinon absente.
2- En Hongrie, le nationaliste/populiste Viktor Orban a été reconduit comme chef du gouvernement à l’issue des élections législatives du 8 avril. Son parti, le « Fidesz », a obtenu la majorité des 2/3 des sièges au Parlement avec un score inférieur à 50 % des suffrages grâce à la forte prime accordée à la formation politique arrivée en tête du scrutin.
Cette démocratie « illibérale » bouscule « les valeurs » de l’Union européenne.
Note : Après les élections qui se sont tenues en Allemagne (Septembre 2017) et ces deux élections, on notera que le mode de scrutin (majoritaire ou proportionnel) a une influence très significative sur la vie politique des Etats. Dans l’UE, les élections au Parlement européen se font « à la proportionnelle dégressive ». J’y reviendrai ultérieurement.
3- En Espagne, le mandat d’arrêt européen délivré par la justice espagnole pour extrader d’Allemagne le leader catalan, Puigdemont, n’a pas été honoré. Le droit allemand ne connaît pas le chef d’accusation espagnol de « rébellion ». Les juges allemands ont considéré que l’action de ce dernier ne relevait pas du chef d’accusation allemand de « haute trahison ». Les droits nationaux gardent leur importance dans l’appréciation de certains actes juridiques pris en vertu du droit européen. En conséquence, Puigdemont est sorti de prison. Il reste néanmoins sous contrôle judiciaire, le chef de détournement de fonds ayant été retenu pour l’organisation illégale du référendum d’octobre 2017 sur l’indépendance la Catalogne. S’il était extradé, il ne pourra pas être jugé pour « rébellion ».
4- Brexit
Si on peut se réjouir que les vingt-sept Etats-membres soient solidaires autour des règles européennes qui les unissent, en revanche, la situation politique de la Première Ministre du Royaume-Uni, qui enregistre revers sur revers dans son pays, devient de plus en plus fragile.
Dans ces conditions, le dossier du Brexit avance péniblement tandis que la date du 29 mars 2019 se rapproche.
II- Dans l’UE (ou plutôt dans l’UEM : Union économique et monétaire)
1- Dans le débat « solidarité/responsabilité », le nouveau gouvernement allemand semble privilégier encore plus que le gouvernement précédent la responsabilité sur la solidarité et insiste sur l’importance de la compétitivité.
Souvent critiqué pour son intransigeance, l’ancien ministres des finances, Schaüble, s’était montré favorable à la création d’un FME (Fonds monétaire européen) qui aurait été une sorte de FMI européen octroyant des aides aux Etats-membres en difficultés en contrepartie de la mise en œuvre par ces Etats de mesures vigoureuses de redressement de leur économie. Si la France plaide pour l’installation d’un FME, d’un budget de la zone euro qui lui serait propre et pour la création d’un poste de ministre des Finances, le nouveau gouvernement allemand (en particulier son ministre des Finances, Olaf Scholz, qui est pourtant membre du SPD), y est très réticent.
2- La France (cf. le discours de la Sorbonne) défend la belle idée « d’une Europe souveraine » dont le socle et l’élément moteur seraient la zone euro tandis que l’Allemagne tient à préserver l’unité de l’UE avec ses vingt-sept Etats-membres.
Une feuille de route sur l’avenir de l’UEM sera préparée par les deux pays et fera l’objet d’un Conseil franco-allemand le 19 juin qui précédera le Conseil européen des 28/29 juin.
Christian Casper, 25 avril 2018