Europe_poignee de mains

Pour une Europe solidaire et influente, par Thierry Defrance et Christian Rumelhard

 

Solidarité et générosité sont à la fois des vertus humaines et des valeurs européennes auxquelles nous sommes attachés. Et pourtant le mauvais spectacle que les médias nous montre est orienté vers l’égoïsme et la jalousie. Défendre les intérêts des citoyens européens est légitime dans les rapports que l’Europe entretient avec des partenaires stratégiques, défendre des intérêts particuliers au détriment d’autres citoyens européens est insensé car dans cette recherche, on ne peut que perdre de vue l’intérêt général.

Merci à nos amis Thierry Defrance et Christian Rumelhard de nous apporter leur point de vue. 

L’Union Européenne, malgré ses réalisations remarquables, malgré tous les espoirs qu’elle porte en elle, est en crise. Crise des institutions européennes, nationales et régionales. Une crise qui gagne les citoyens.

Certes, l’Union figure avec la Chine, les Etats-Unis, la Russie et l’Inde parmi les puissances mondiales de premier plan. Mais, au-delà de l’économie, ses citoyens ne perçoivent pas quel rôle ils doivent jouer avec le reste du monde, pour assurer la paix et la prospérité sur notre planète.

L’Union Européenne pas plus que ses citoyens, ne sont conscients qu’un projet de société globale de fraternité[i] commence sur place, à l’intérieur des frontières de l’Europe. Cette société de solidarité et de fraternité n’est-elle qu’un vieux rêve des temps passés qui bute sur la complexité des institutions européennes du présent ? Et est-ce une dimension d’un futur trop éloigné qui n’a de sens que dans les frontières nationales comme le pensent les anglais favorables au Brexit?

Donner du sens à l’action politique, surtout en une période d’élections européennes qui vont déterminer l’avenir, est un objectif indispensable pour un débat démocratique qui va concerner un continent et sa prospérité pour tous, dans nos modestes frontières, mais pour longtemps.

Une intervention récente d’un collectif d’universitaires[ii] relève que la désaffection entre l’Union Européenne et ses citoyens a pour raison « le divorce entre les valeurs dont elle se réclame et les politiques qu’elle conduit ». Et de rappeler que ces valeurs sont énoncées dans la Charte des Droits Fondamentaux : « l’Union se fonde sur les valeurs indivisibles et universelles de dignité humaine, de liberté, d’égalité et de solidarité ; elle repose sur le principe de la démocratie et le principe de l’Etat de droit ». Ce divorce se caractérise en particulier par le fait que le délitement « des systèmes de solidarités, qu’il s’agisse des services publics, du droit du travail  ou de la sécurité sociale, est l’un des effets les plus visibles de l’intégration européenne et le premier facteur de sa désintégration ». Sans parler du fait qu’elle « poursuit sa course au moins-disant social, fiscal et écologique entre les Etats ». Et de se demander s’il est encore possible d’ « encastrer » les forces impersonnelles du marché dans la société européenne plutôt que le contraire.

L’Europe doit contribuer par ses 500 millions d’habitants au sein des 7,5 milliards d’humains à développer concrètement un message d’égalité, de fraternité et de dignité qui soit libre des ambitions dont les grands empires ou les forces du marché ont saturé l’histoire et dont la résurgence est sans cesse une menace. Deux objectifs sont en jeu :

Le premier : comment assurer la prospérité et le développement humain des citoyens européens dans un esprit d’égalité, de solidarité et de dignité qui soit commun à tous.

Le second : donner du sens au bien commun ainsi constitué de façon que la communauté européenne, unie dans une même recherche, sache exercer à l’intérieur comme à l’extérieur, le rôle d’entraînement que deux guerres mondiales l’avaient moralement empêché de jouer. Et c’est d’ailleurs de ces guerres que les pères de l’Europe avaient rêvé de nous prémunir pour toujours. Avec l’aide des citoyens et en s ‘appuyant sur des textes comme la Charte des Droits Fondamentaux, c’est l’ensemble des institutions qu’il faut orienter vers l’avenir.

 

[i] « Construire l’Europe, non pas autour de l’économie mais autour de la sacralité de la personne humaine », Pape François : discours du 25/11/2014 devant le Parlement Européen (Prix Charlemagne)

[ii]  « Il est encore possible de réanimer l’Union Européenne », Le Monde, 25 septembre 2018

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