Retour sur la rencontre avec S.E Georges de Habsbourg-Lorraine

Georges de Hasbourg-Lorraine, ambassadeur de Hongrie en France, a répondu aux questions de Marta de Cidrac, Sénatrice des Yvelines et Secrétaire de la commission des affaires européennes du Sénat français et d’Eric Dumont, Président du Mouvement Européen-Paris puis à celles de la salle qui rassemblaient 90 personnes.


L’ambassadeur, très à l’écoute et ouvert, a remercié à chaque fois la personne qui lui posait une question. Il y a répondu posément, souvent avec des exemples objectifs ou chiffrés, des raisonnements logiques et inspirés du sens des réalités, sur le ton de la sincérité. Cela pouvait paraître normal mais comme les questions étaient presque toutes orientées négativement au détriment du gouvernement de la Hongrie et qu’au total l’auditoire a paru satisfait des réponses du diplomate, il faut bien lui reconnaître un grand mérite d’avoir eu cette attitude et donné un nouvel éclairage sur son pays qui peut être présenté ainsi :
Concrètement, les relations franco-hongroises sont bonnes comme le montrent les importants investissements français en Hongrie, la fréquentation de l’institut culturel hongrois à Paris, les échanges fréquents entre E. Macron et V. Orban.

Les Hongrois sont très européens d’autant que 74% de leurs exportations vont dans l’UE qui est pour le pays le moteur même de sa croissance et contribue au plein emploi (3,2% de chômage). La Hongrie est favorable à l’élargissement de l’UE aux pays balkaniques, pays voisins. Il faut que l’élargissement se fasse selon le mérite respectif de chaque pays, selon les progrès déjà accomplis. L’ambassadeur cite la Macédoine du Nord, l’Albanie et le Monténégro comme étant déjà bien préparés. Pour intégrer l’Ukraine, il convient d’abord d’accueillir les pays qui ont commencé les négociations avec l’UE, certains depuis 20 ans, pour ne pas créer de frustration.

Les objections hongroises, maintenant levées, à l’aide financière à l’Ukraine de 50 milliards d’euros étaient légitimes, il fallait des assurances concernant l’origine des fonds et leur utilisation par l’Ukraine sur 4 ans.
L’attitude de la Hongrie à l’égard de la Russie a occupé une grande partie des échanges. L’ambassadeur a déclaré sans ambigüité que son pays était fier d’être dans l’OTAN et d’accord pour investir davantage dans la défense du fait de la guerre en Europe sur le territoire même de son voisin, l’Ukraine. Il a rappelé les évènements de 1956 en Hongrie qui ont été un défi à l’Union Soviétique ainsi que le passage à l’Ouest, au cours de l’été 1989, de nombreux Allemands de l’Est arrivés sur le territoire hongrois, ce qui a accéléré les évènements conduisant à la chute du mur de Berlin.

Si la Hongrie continue d’importer du gaz russe, c’est par réalisme économique, le pays n’ayant aucun accès à la mer par où peut arriver le GNL et le passage aux énergies renouvelables déjà bien commencé va prendre du temps. De même, le doublement de l’unique centrale nucléaire de Hongrie doit être réalisé par Rosatom tout simplement parce que tous les équipements actuels de la centrale datent de l’époque soviétique.

Concernant l’immigration, la Hongrie accepte les réfugiés. Pour les migrants économiques, elle en accueille avec des contrats de travail de 4-7 ans, notamment pour la giga factory de batteries pour voitures, investissement à capitaux chinois. Si la Hongrie a fortifié sa frontière avec le Serbie c’est pour protéger l’UE de l’immigration clandestine, cette fortification est destinée à disparaître.


L’État de droit qui ne serait pas respecté en Hongrie est un sujet complexe auquel l’UE rajoute sans cesse de nouveaux points alors que le pays change ses lois pour répondre progressivement aux demandes de l’UE. L’ambassadeur considère que la liberté de la presse, certes difficile à définir, existe autant en Hongrie dans d’autres pays occidentaux. Concernant la communauté LGBT, la loi prévoit qu’au-delà de l’éducation sexuelle enseignée à l’école, ce domaine relève uniquement de la famille qui enseigne ce qu’elle veut à ses enfants. A la télévision ou sur internet, les sujets sexuels ne sont pas interdits mais signalés sur l’écran pour avertir les parents. Enfin, la corruption reprochée à la Hongrie n’existe pas plus ni moins qu’ailleurs dans l’UE, la preuve pouvant en être apportée par l’importance des investissements étrangers directs.

Incontestablement, notre intervenant a convaincu et séduit son auditoire. De nombreuses personnes le questionnaient encore après la levée de séance.


Michel Ortiz

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