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Europe : Les relations futures de l’Union européenne avec le Royaume-Uni – Libres propos de Christian Casper

Presses européenne et britannique

 

Brexit : Le retrait le 31 janvier du Royaume-Uni de l’Union européenne constitue la première étape du Brexit. Début 2020, la deuxième étape consistera à négocier un accord de libre-échange sur les relations futures de l’Union européenne avec le Royaume-Uni.

Trois ans et demi après avoir voté « leave » à la majorité de 51,9 % lors du référendum du 23 juin 2016, et après trois reports de la date fixée pour conclure l’accord de retrait de l’Union européenne (l’Union) qui en découle, les électeurs britanniques ont mis un terme au débat souvent houleux et acrimonieux entre les partisans du « leave » et ceux du « remain » à l’issue des élections législatives du 12 décembre 2019.

Le parti conservateur, conduit par le Premier ministre, Boris Johnson, l’a nettement emporté en martelant le slogan « Let’s get Brexit done » pendant toute la campagne électorale. Il a obtenu une très confortable majorité de 80 sièges à la Chambre des communes. Ce résultat s’expliquerait moins par la performance de ce parti que par la lassitude des Britanniques et la faiblesse d’un parti travailliste conduit par l’inconsistant Jeremy Corbyn, ce dernier n’ayant jamais pris une position nette, pour ou contre, le Brexit.

Sans surprise, la Chambre des communes a approuvé l’accord de retrait le 9 janvier par une majorité de 330 voix contre 231. Le Parlement devrait le confirmer au cours de sa session plénière des 29-30 janvier. Le 31 janvier à minuit le Royaume-Uni se sera retiré de l’Union 47 ans après son adhésion. Quelques festivités auront lieu dans la nuit du 31 janvier, mais les célèbres cloches de Big Ben étant en travaux ne sonneront pas.

Le Royaume-Uni ne se sera pas complètement retiré de l’Union puisque s’ouvrira alors une période transitoire qui s’achèvera le 31 décembre 2020 pendant laquelle il continuera à appliquer les règles de l’Union, à payer sa quote-part au budget de l’Union sans pour autant participer à ses décisions. C’est ainsi, par exemple, que les 73 eurodéputés britanniques élus en avril 2019 rentreront chez eux pour être remplacés par des eurodéputés d’autres pays membres de l’Union, la France gagnant 5 sièges.

En 2020, le Royaume-Uni et l’Union négocieront un accord de libre-échange sur leurs relations futures. Les pourparlers s’ouvriront quand la Commission aura établi un mandat de négociation qui aura été accepté par les 27 Etats-membres. Il ne restera donc guère plus de 10 mois pour discuter, conclure et ratifier cet accord (si un accord intervient), ce qui est extrêmement court pour que tous les secteurs d’activités soient examinés.

Et pourtant, la période transitoire ne devrait pas être étendue jusqu’à la fin 2021 ou 2022, Boris Johnson ayant fait introduire dans la loi de retrait (« Withdrawal agreement bill ») une clause interdisant au Royaume-Uni d’avoir recours à cette extension pourtant prévue par l’accord de retrait. Cette démarche peut être interprétée comme signifiant que le Premier ministre du Royaume-Uni inscrit sa politique dans le cadre du slogan : « Let’s take back control ».

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Ce qui est certain, c’est que la donne a complètement changé depuis les élections du 12 décembre. Désormais, et c’est tout à fait nouveau si on se souvient des péripéties qui ont conduit à la démission du précédent Premier ministre Theresa May, Boris Johnson dispose d’une ample majorité parlementaire qui lui permettra de conduire la politique qu’il entend mener pendant quatre ans. Homme politique chevronné, il est probablement beaucoup plus habile et rusé qu’on veut le croire en Europe continentale.

Du côté de l’Union, la belle unité affichée pendant toute la période de négociation de l’accord de retrait pourrait se lézarder, les intérêts des uns et des autres n’étant pas les mêmes. Il est clair, par exemple, que la politique commune de la pêche est un domaine politiquement sensible à la fois pour les pêcheurs britanniques qui voudront que les eaux britanniques leur soient réservées et ceux de l’Union. Elle n’intéresse pas non plus avec la même intensité les 27 Etats-membres de l’Union, 30 % de la pêche française provenant des eaux territoriales britanniques.

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Dans une interview donnée dernièrement au « Financial Times », le ministre des Finances, Sajid Javid, a déclaré « Nous ne serons pas dans le marché unique et nous ne serons pas dans l’union douanière – et nous le ferons d’ici la fin de l’année ».

Le risque d’une dérégulation de l’économie britannique faisant craindre la présence d’un concurrent près des « frontières » de l’Union est donc réel.

De son côté, l’Union ne pourra pas ne pas être sourcilleuse sur ce qui constitue son socle : la libre circulation, notamment des personnes, l’union douanière et les règles les régissant.

Enfin, dans son édition du 18 janvier, le « Daily Telegraph » a révélé que le Premier ministre Boris Johnson prévoyait d’ouvrir officiellement des pourparlers commerciaux avec les Etats-Unis à l’occasion de son voyage à Washington en février prochain.

Christian Casper

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