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Bilan du semestre allemand, juillet – décembre 2020

 

Union européenne (UE) 

Bilan de l’Allemagne à l’issue sa présidence semestrielle du Conseil de l’UE

(1er juillet- 31 décembre 2020)

L’Allemagne s’était préparée longuement et intensément à la présidence du Conseil de l’UE pour faire avancer ou pour faire aboutir de nombreux projets lorsque la pandémie est arrivée.  

« Beaucoup de choses n’ont pas pu être réalisées – et c’est dommage » et « la Covid-19 a demandé beaucoup de travail » a déclaré Angela Merkel à l’issue du dernier du Conseil européen des 10-11 décembre 2020. 

En raison de la pandémie, cette présidence s’est tenue en ayant eu très souvent recours à des visioconférences. L’absence de relations physiques ne facilite pas les négociations quand les chefs d’Etat et de gouvernement débattent de dossiers sensibles puisque les conversations en apartés dans les couloirs sont exclues.

Parmi les projets abandonnés figure le Sommet UE-Chine auquel la présidence allemande tenait beaucoup, la Chine étant pour elle un marché-clé. La pandémie l’a contrainte à l’annuler.

Pendant cette présidence, la relation déjà détériorée de l’UE avec les Etats-Unis, est restée tendue.

 

Le bilan global de cette présidence est globalement positif. 

1- Le cadre financier pluriannuel (2021-2027) et le fonds de relance « Next Generation EU » européen

Après l’accord interinstitutionnel Conseil-Parlement européen, la Pologne et la Hongrie ont menacé pendant plusieurs semaines, de bloquer l’adoption du budget financier pluriannuel (2021-2027) et le plan de relance européen destiné à compléter les plans de relance nationaux afin de limiter les dégâts économiques et sociaux causés par la pandémie. Il aura fallu beaucoup d’habileté et de temps à la présidence pour mettre au point un texte de compromis relatif à l’Etat de droit qui soit acceptable par ces deux pays.

L’adoption de ce paquet financier est certainement le succès le plus notable de cette présidence.

 

2- La protection du climat

C’était l’une des priorités de cette présidence.

Le Conseil européen des 10-11 décembres 2020 a acté que d’ici 2030, l’UE devra émettre au minimum 55 % de gaz à effet de serre de moins qu’en 1990 – avant cette nouvelle décision, l’objectif était de moins 40 %. Cet accord est un « résultat très, très important » a souligné la Chancelière. Les chefs d’État et de gouvernement ont prévu d’accorder 30 % du budget pluriannuel de l’UE à des projets verts.

 

3- La Turquie et le sud de la Méditerranée

Les efforts de médiation entre la Turquie, la Grèce et Chypre dans le conflit qui les oppose sur le forage des poches de gaz naturel en Méditerranée orientale n’ont pas abouti.

Le Portugal aura à reprendre ce dossier pendant sa présidence qui commence le 1er janvier 2021.

 

4- Relations futures entre l’UE et le Royaume-Uni

Les négociations sur les relations commerciales de l’UE avec l’extérieur étant une compétence exclusive de la Commission, la présidence allemande du Conseil de l’UE devait se tenir en retrait. A quelques jours de l’échéance de la période transitoire, le 31 décembre 2020, l’incertitude régnait sur l’issue des négociations au sujet des relations futures entre les deux parties.

 

5- L’Europe de la défense et la relation franco-allemande

– On pourra regretter que, pendant cette présidence, une passe d’armes bilatérale ait eu lieu entre la France et l’Allemagne sur la défense et l’autonomie stratégique européenne. Le président français, Emmanuel Macron, et la ministre allemande de la défense, Annegret Kramp-Karrenbauer (CDU), ont montré des positions diamétralement opposées, l’un prônant une Europe de la défense et un certain détachement vis-à-vis de la puissance militaire des Etats-Unis, l’autre ayant déclaré dans une tribune que c’était une illusion.

– On doit cependant porter au crédit de la relation franco-allemande, la décision du Conseil européen de juillet 2020 de créer un fonds de relance de 750 milliards d’euros dont une partie est constituée de prêts remboursables par les Vingt-Sept. Si le projet franco-allemand d’emprunt commun fait sourciller plusieurs pays du Nord de l’UE, car il impliquait un endettement conjoint des États membres de l’UE, Angela Merkel a fait faire à l’Allemagne un grand pas en avant, l’Allemagne s’étant jusque-là opposée à une communautarisation de la dette, en particulier à l’occasion de la crise grecque.

Il reste qu’il faudra vérifier qu’il ne s’agira pas d’un « one shot ».

Christian Casper,
décembre 2020

 

 

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