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A propos de la Journée internationale du multilatéralisme du 24 avril 2021, par Christian Casper

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Le multilatéralisme en 2021

Libres propos de Christian Casper sur l’intervention de Jean-Marc de La Sablière,
Ambassadeur de France,
Ancien représentant permanent de la France auprès des Nation-Unies à New York

Le multilatéralisme traverse une période difficile
Il suscite dans les commentaires beaucoup de scepticisme. Le multilatéralisme est en crise, et cette crise n’est pas nouvelle. Elle s’est progressivement installée et a atteint un paroxysme lorsque le président Donald Trump a rejeté toutes les organisations et les accords multilatéraux universels ou régionaux (ONU, OMC, accord de Paris sur le climat, traité de libre-échange Trans pacifique (TPP) etc.).

Au respect du droit et des grands principes universels a succédé la géopolitique
Il n’y a plus ou presque plus de traités multilatéraux à vocation universelle. L’Accord de Paris de décembre 2015 sur le climat est une exception. Il est l’aboutissement de longues négociations commencées après le sommet de Rio de 1992.
De plus, les traités récents sont devenus plus déclaratoires que contraignants et les engagements plus politiques que juridiques. L’accord de Paris, par exemple, est une déclaration d’intention puisqu’il ne prévoit pas de mesures coercitives, de sanctions.

Les grandes puissances ne donnent pas toujours le bon exemple
Trois grandes puissances (Etats-Unis, Chine, Russie) n’ont pas ratifié les statuts de la CPI (Cour pénale internationale).
L’OMC (l’Organisation internationale du Commerce) souffre de la compétition entre le capitalisme d’Etat de la Chine et le capitalisme libéral. Leur coexistence ne s’est pas réalisée.
Les recours à la force se multiplient alors que seule la légitime défense les justifie dans le droit international.

Entre multilatéralisme et unilatéralisme
Parmi les grandes puissances, les Etats-Unis naviguent depuis des décennies entre le multilatéralisme et l’unilatéralisme selon les sujets.
La Chine, derrière une façade respectueuse du multilatéralisme lui permettant d’exercer son influence, pratique un multilatéralisme économique parallèle dont elle espère tirer des avantages.
Quant à la Russie, elle est moins influente qu’elle ne l’a été dans le passé. Désormais attachée au principe de souveraineté, elle pratique une politique d’embuscade pour profiter des situations qui se présentent.

Recul de l’influence occidentale
Au Conseil de Sécurité, l’idée de sécurité universelle s’est effacée à partir des années 1990 et la compétition entre les Etats-Unis et la Chine s’est installée.
La déclaration universelle des droits de l’homme n’est plus aussi partagée qu’elle le fut dans le passé.
Cette évolution marque le recul de l’influence occidentale.

Le multilatéralisme garde des bases solides
Les institutions sont là. On ne peut pas les remplacer. Ce sont les Etats qui sont fautifs. Ils ne cherchent pas suffisamment des solutions par la coopération.
Bien que la sécurité collective ne soit pas parfaitement assurée, les casques bleus ont fait du bon travail en menant des opérations de paix en Afrique.

Le multilatéralisme régional prend le relais du multilatéralisme universel
Si l’universalisme est en question, en revanche, les accords régionaux sont nombreux. Par exemple, l’Union africaine progresse dans le domaine de la sécurité et du commerce.
L’Europe (l’UE) a été très loin dans l’intégration régionale. Elle est mal comprise par les populations qui connaissent mal ses institutions, la complexité de leur fonctionnement et de leurs procédures. Les critiques dont elle est l’objet sont la preuve qu’il y a une demande d’Europe.

A l’avenir
Le multilatéralisme universel devrait traiter des dossiers concrets, comme celui de la santé. Le multilatéralisme a besoin de succès. La société civile, les grandes fondations, les ONG ont un rôle important à jouer pour réaliser une telle ambition.

Christian Casper
Avril 2021

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